La chambre dans l'histoire, selon les cultures et la classe sociale
La chambre à coucher est une pièce d’une habitation qui a pour but d’assurer le sommeil ou le repos de son ou ses occupants et qui comporte généralement – selon la culture – un lit.
Cependant la chambre à coucher dans le monde est souvent absente des habitats traditionnels. Les lits, matelas voire tissus faisant office de couchage sont disposés parmi d’autres dans une salle aux multiples fonctions. Par exemple durant l’Europe du moyen âge, la chambre à coucher n’existait pas en tant que telle, le ou les lits étaient disposés dans la pièce à vivre principale afin de bénéficier de la chaleur de la cheminé.
L’urbanisation et l’élévation du mode de vie ont catégorisé les chambres à coucher. On trouve désormais généralement une chambre parentale, idéalement une chambre d’enfant et éventuellement une chambre destinée aux visiteurs, la chambre d’amis.
Nous nous intéresserons à travers cette analyse à divers types de chambres, d’époques différentes et de cultures différentes. Nous observerons ainsi une chambre de Roi, une chambre de bonne et une chambre traditionnelle japonaise.
La chambre des rois - symbole de puissance et de richesse
La chambre du Roi du château de Blois est composée d’un imposant lit à baldaquin. Il provient d’Italie et date du XVIème siècle. On remarque que son bois est scultpé, peint et doré. De grandes courtines permettent d’apporter de l’intimité à cet espace.
On peut noter également la forme des pieds de lit, rappelant des pattes animales. Une frise avec des motifs court tout le long du dessus du meuble. La chambre du roi est un espace de sommeil, mais également de visite. Les rideaux du lit à baldaquin permettent d’occulter la vue et d’apporter de l’intimité selon les souhaits de son occupant.
La largeur de ce lit permet d’accueillir deux personnes. En revanche, à cette époque, les lits à baldaquin sont en général assez courts, car on y dormait assis, le dos maintenu par quelques coussins.
Le mobilier de la chambre du roi
Dans la chambre du roi, on observe un seul meuble en bois sculpté, une armoire à deux corps française de la fin du XVIe siècle, en bois de noyer. Mais l’on devine qu’à l’époque le mobilier devait être plus présent. On peut imaginer des chaises tapissées, des tables, des commodes sculptées prendre place ici.
La décoration de la chambre du roi
La décoration de la chambre du Roi a une toute autre symbolique. Celle de montrer sa puissance, de l’exposer aux invités. La décoration n’est bien entendu pas réalisée par le roi en personne. Elle est là avant tout pour plaire aux autres qu’à lui même.
On remarque un carrelage incrusté de motifs, la hauteur sous plafond est très grande et les fenêtres sont proportionnelles à celle-ci, baignant cette grande pièce de lumière. Les murs sont tapissés ou peints de motifs floraux et abstraits. Le plafond révèle les poutres et les solives, elles aussi toutes peintes de motifs aux couleurs variées.
La chambre de bonne - réduite à l'aspect utilitaire
Dans la chambre de bonne, pièce servant à accueillir les domestiques dans les maisons bourgeoises à partir du XIXème siècle, le lit est un meuble rudimentaire. Il est petit et encombre l’espace.
La chambre de bonne, habituellement aménagée sous les combles de l’habitation est un espace très exigu au confort minimal. Elle apparaît à Paris vers 1830. A cette époque se met en place une société hiérarchisée qui empêche les domestiques de dormir dans le même espace que leurs maîtres.
Le mobilier de la chambre de bonne
Le mobilier et les matières sont beaucoup plus modestes. Une petite table d’appoint, une chaise et éventuellement une table de chevet sont présentes. On remarque des rangements sous la pente du toit. Mais surtout la partie sanitaire, complètement exposée dans la chambre, avec un lavabo et une douche éclairés par une minuscule lucarne ou tabatière, qui a l’air d’être la seule source de lumière naturelle de la chambre.
Les toilettes sont sur le palier, à partager avec tous les autres occupants de l’étage. Cette chambre n’est pas seulement un lieu pour dormir, mais un lieu de vie et qui confère très peu d’intimité par son aspect exigu et les accommodations qui sont dans la même pièce. Elle sert aujourd’hui de logement aux étudiants ou aux travailleurs des classes populaires.
La décoration de la chambre de bonne
La décoration de la chambre de bonne est tout l’inverse de ce que l’on vient de voir. Il n’y a aucune recherche esthétique, si ce n’est personnelle dans l’aménagement de cet espace. Le sol est agrémenté d’un carrelage à carreaux, un papier-peint floral pare un pan de mur. Mais à l’époque du XIXème siècle, on devine que la décoration devait être encore plus réduite, tant son occupant était modeste.
La chambre dans la culture japonaise
Au Japon le lit prend un tout autre aspect. Il s’agit d’un futon que les Japonais déroulent le soir sur les tatamis et rangent chaque matin dans le oshire. La chambre en elle même est complètement dématérialisée, car l’espace personnel est inexistant.
L’unité de la maison correspond à une unité familiale, les frontières entre les espaces sont perméables et floues. Les espaces individuels sont instables car on ne dort pas toujours dans la même pièce, ni au même endroit. Les pièces sont donc très peu personnalisées due à la souplesse de leur affectation.
Le mobilier de la chambre japonaise
Le mobilier de la chambre japonaise se réduit à quelques objets : un coussin, un éventail, une plante, des kimonos. Il pourrait y avoir une table basse, avec une chaise basse où permettant juste l’assise sur un coussin posé sur les tatamis.
La décoration de la chambre japonaise
La décoration est également réduite dans la chambre japonaise, mais pour d’autres raisons. La façon de concevoir l’espace réside sur la flexibilité des pièces, sur leur polyvalence, et leur neutralité.
Des parois coulissantes, les shoji, sont garnies de papier de riz et permettent de faire fluctuer l’espace et la lumière. Le sol est composé de tatamis, comme dans toutes les autres pièces de l’habitation. Les murs, blancs crème, ne varient pas d’une pièce à l’autre.